Sur les traces des Etrusques
Ce voyage chez les Etrusques de la Valdichiana siennoise et de la
vallée de l'Ombrone, était organisé
par l'association Fondation Marius Vazeilles et l'un de ses membres, M.
Bernard Gounel. Ce dernier en a
établi le programme, nous faisant profiter de toutes les
connaissances qu'il a acquises sur cette petite région de
Toscane et rencontrer plusieurs spécialistes des Etrusques.
C’est lui qui assurera aussi la
traduction de la presque totalité des visites.
Du jeudi 30 mai au lundi 3 juin 2013, nous avons
"rencontré" les Etrusques mais aussi
apprécié
le riche patrimoine (Abbaye de Monte Olivetto Maggiore, Pienza,
Sienne...) de cette terre des crete senesi
aux paysages si particuliers, sans en oublier les productions
caractéristiques (oléiculture
et viniculture).
Carte de la région visitée.
Les Etrusques
Les Etrusques ont occupé le centre et le nord est
de la péninsule italienne actuelle entre le IXe
et le Ier
siècle avant J.-C. en y développant une
civilisation brillante, pacifique, réservant à la
femme une place égale à celle de
l’homme dans tous les domaines : politique, familial ou
artistique. C’est en cela qu’ils constituent un
peuple moderne et singulier dans l’Antiquité. Les
tombes destinées à abriter leurs
défunts reproduisaient souvent la forme de leurs maisons
dont on retrouve peu de traces. C’est pourquoi la plupart des
objets exposés dans les musées proviennent de
nécropoles qui, parce qu’elles étaient
souterraines, ont pu résister au temps et, pour certaines,
aux pillages.
Jeudi 30 mai.
Pise
Arrivée à Pise vers 8 h. Nous passions
si
près
qu'il avait été décidé d'y
faire un
arrêt. Nous ne l'avons pas regretté car la
découverte de l'ensemble architectural si connu, dans un
petit
matin pluvieux, vide de touristes, avait un charme singulier et tenait
du ...miracle ! Nous avons pu goûter,
tranquillement,
toutes les nuances du marbre et l'équilibre parfait (oui !)
des
édifices entre eux : tour, baptistère,
cathédrale.
L'ensemble monumental de Pise. Au
premier plan, le
baptistère.
La tour
Chianciano
Terme
11 h 30 : arrivée à Chianciano Terme, en Toscane
(département de Sienne),
à
l’hôtel Villa Ricci où nous recevons un
accueil très chaleureux et où nous allons
apprécier tout au long du séjour la
délicieuse cuisine italienne. Monsieur Gounel nous
présente les Etrusques, ce peuple
particulier qui le passionne tant. Grâce
à lui nous avons aussi reçu de la part des
élus
locaux un accueil très chaleureux : Monsieur Fabio
Dionori, vice-président du Conseil
général (province de Sienne) et ancien maire de
Sarteano qui a beaucoup œuvré pour la
réalisation du musée de cette commune
et Monsieur
Guido Bombagli, architecte et ancien maire de Chianciano
Terme.
L’après-midi, repos ou découverte du
vieux Chianciano, village
médiéval
perché sur une colline, au pied de laquelle
s’étend la ville thermale moderne (ville thermale
ancienne déjà mise en valeur par les Etrusques et
moderne où l'on soigne le foie). Ici, lors
d’un séjour, Luigi Pirandello a écrit
deux
des nouvelles de son livre, Novelle per un anno,
qui racontent Chianciano.
Vue générale
du
vieux bourg de
Chianciano Terme
La petite église
cruciforme de la Madonna della Rosa
Rue du vieux bourg de
Chianciano Terme
Ruelle couverte
Puis une promenade à pied de 3 kilomètres nous
conduit au frantoio,
l’huilerie
d’Elena Bartolomei. La fabrication est artisanale, les
techniques anciennes ont été
conservées même si des machines modernes ont
remplacé le pressoir en bois. Les olives, cueillies
à la main, sont lavées et
séparées des feuilles avant
d’être écrasées pour en
extraire l’huile par une première
pression à froid. L‘huile est ensuite
filtrée avant d’être mise en bouteille.
C’est ainsi qu’on obtient une huile de
1ère qualité que nous
avons pu
déguster sur des bruschetta
(tartines de pain grillé).
Des meules en pierre
écrasent les olives
Vendredi 31 mai.
Sarteano
Le matin, la visite commentée du Musée
Archéologique de Sarteano nous est faite par la
directrice,
le docteur Alessandra Minetti. Ce musée, inauguré
en 1997 (certains objets se trouvaient jusque-là au
musée archéologique national de Florence), expose
de façon extrêmement intéressante les
découvertes faites sur la commune et en particulier dans la
nécropole étrusque des Pianacce. Il
présente même depuis 2011 des
découvertes faites en 2010, fier d’avoir pu
effectuer en un temps record le nettoyage, la restauration et
l'étude du matériel archéologique,
permettant ainsi à la population de profiter au plus vite de
ces découvertes. Ceci n’est possible que
grâce à la collaboration exemplaire entre la
commune, la direction du musée, et le Groupe
archéologique Etruria qui effectue les fouilles.
Cippe funéraire en
pietra fetida
de S. Angelo avec une scène d'exposition du
défunt
Reconstitution de la tombe avec
vases
canopes de Macchiapiana
(fin VIIe, début VIe
s. av. J.-C.)
Détail d'un vase
orné à
la
roulette
Coupe à figures rouges
provenant de la tombe du
quadrige infernal
Alessandra Minetti nous conduit
ensuite à la
nécropole, dont elle dirige la fouille depuis 2000, pour une
visite du site et de cette tombe
exceptionnelle dite du Quadrige infernal,
datée de la seconde moitié du IV
e
s. av. J.-C.
et découverte en 2003, dont nous avons vu la reconstitution
au musée. Elle est creusée comme les autres dans
le travertin local.
Le
site internet du musée
est comme le musée, magnifique.
Nécropole des Pianacce
: tombe
du quadrige
infernal, serpent à trois
têtes
Chiusi
L’après-midi, nous visitons
le Musée
Archéologique National de Chiusi, importante
cité
étrusque, perchée sur une colline
d’où l’on aperçoit Chianciano
à quelques kilomètres à vol
d’oiseau. Pour ceux qui voudraient s’y replonger,
voici
une
visite virtuelle de ce très beau musée
exposant les découvertes faites dans les
nécropoles étrusques voisines.
Couvercle d'urne
cinéraire de Poggio
Renzo (VIIIe s.
av. J.-C.)
Vase double
Vase en forme d'oiseau
Urne peinte (IIe
s. av. J.-C.)
représentant une scène
célèbre de la mythologie grecque : Les
sept contre Thèbes (duel fratricide
entre Etéocle et Polynice, fils d'Oedipe et
frères
d'Antigone)
Nous enchaînons ensuite sur une visite guidée en
italien du
labyrinthe de Porsenna situé à
côté de la cathédrale : c’est
une illustration brillante de la maitrise de l’hydraulique
par les Etrusques. Pour alimenter cette cité
perchée, l’eau de pluie, naturellement
filtrée par le sol, était drainée dans
120 m de galeries souterraines et stockée dans des
réservoirs. Cette technique permettait de constituer une
réserve d’eau disponible toute
l’année, qu’il était facile
ensuite de récupérer à partir de
puits. Après avoir parcouru ces galeries, nous
débouchons dans une grande citerne
voûtée, construite à
l’époque romaine à 12 m de profondeur,
depuis laquelle nous accédons au
Torre Campanaria,
le
clocher de la cathédrale située à
quelques mètres, pratiquement édifié
sur la citerne. Du sommet, nous admirons le panorama
jusqu’aux lacs de Chiusi et de Trasimène.
Le lac Trasimène depuis
le
haut du Torre Campanaria
Peintures du choeur de la
cathédrale
Samedi 1er juin.
Le matin, nous partons pour
l’abbaye
de Monte Oliveto
Maggiore, fondée au début du XIV
e
s.,
où nous retrouvons une guide qui, en français,
nous fait visiter l'église (marqueteries
enluminées du XIV
e-XV
e
s.), puis le cloître
où elle nous fait partager son enthousiasme
pour les fresques (fin XV
e s.) relatant
la
vie de Saint
Benoît et les tentations auxquelles doivent
résister les moines. Elles ont été
réalisées par deux peintres
célèbres de la Renaissance italienne :
Luca
Signorelli pour les deux premiers murs, puis Antonio Bazzi
dit
le
Sodoma pour les deux autres. Nous
poursuivons ensuite par la bibliothèque et la
pharmacie (collection de
faïences du XVIII
e)
qui compètent cet
édifice remarquable.
Vue générale
de
l'abbaye
Le cloître
Vue partielle de la
galerie du cloître
Benoît part,
accompagné de sa nourrice Cyrilla (Luca
Signorelli)
Benoît prêt
à suivre les
moines (Luca
Signorelli)
Benoît
construit le monastère du Mont Cassin (Giovanni
Antonio Bazzi dit le Sodoma)
Détail de la frise en
marquetterie dans
l'église,
à noter le rendu remarquable de la
perspective
La bibliothèque
San
Giovanni d'Asso
L’après-midi, après un
pique-nique dans les jardins de l’abbaye, nous rejoignons le
village de San Giovanni d’Asso, pour une visite de
l’église San
Pietro in Villore, avec Monsieur Claudio Senesi,
l’ingénieur architecte qui en a fait
l’étude. Sous
cette petite église du XIIe s. se
trouve une crypte
parfaitement conservée, divisée en trois petites
nefs reposant sur sept colonnes. A l’origine on y
accédait de l’extérieur. Elle est
l’un des témoignages précieux de
l’architecture des crêtes
siennoises.
L'église
La façade de
l'église
Chapiteau à droite du
portail
Chapiteau sur la partie droite de
la
façade
Travée centrale de la
crypte
Quatrième
petite travée en abside
Dimanche 2 juin.
Musée
de Chianciano terme
Le matin, la visite du Musée
Archéologique Etrusque de Chianciano
Therme nous
est faite par le directeur, le docteur Giulio
Paolucci, auteur de plusieurs ouvrages sur les Etrusques. Il
s’agit comme à
Sarteano d’un musée municipal,
créé en 1997, travaillant en collaboration avec
l’association Geoarchéologique locale avec
laquelle il propose de multiples activités à la
population. Ce musée présente lui aussi de
façon remarquable les découvertes faites autour
de Chianciano, avec la plus importante collection de canope, vases
funéraires à forme humaine, reflétant
la créativité étrusque. Il met aussi
l’accent sur la position de la femme Etrusque et sur le
rôle des banquets.
Reconstruction de la
tombe
princière de
la nécropole des Morelli
(610-600 av. J.-C.)
Urne en terre cuite en
forme de maison
Tombe avec vase canope
placé dans une
jarre
Kantharos
orné à la molette (VIIe s.
av. J.-C.)
Bijoux en or
Acrotère avec
génie féminin
de temple de Fucoli (IIe s. av. J.-C.)
Pienza
L’après-midi, nous rejoignons Pienza pour
une visite du centre historique, inscrit au Patrimoine de
l’Unesco. Cette petite ville, à
l’origine une bourgade, vit naître le Pape Pie II
qui y fit construire une cathédrale, un Palais
épiscopal et une place.
La campagne depuis Pienza
L'hôtel de ville
Intérieur de la
cathédrale
La fontaine
Montepulciano
Nous poursuivons par la visite de Montepulciano avant de nous
rendre à la cave Gattavecchi
où nous avons
rendez-vous en fin de journée. Les viticulteurs,
passionnés par l’histoire de leur
région et des Etrusques qui y cultivaient
déjà la vigne, nous font découvrir la
fabrication du Vino
Nobile, un des vins les plus renommés de
la Toscane. Nous parcourons ensuite la cave
jusqu’à … une tombe étrusque
(en forme de maison avec un plafond à deux pentes)
parfaitement conservée dans laquelle nous descendons par
l’escalier d’origine, encore intact. Ici le
passé et le présent
s’entremêlent constamment. La visite se termine,
bien entendu, par une dégustation.
Le palais Tarugi sur la Piazza Grande
Le palais communal (XIVe siècle)
La tombe
étrusque creusée dans la roche de la cave
Gattavecchi (commentaires du
propriétaire)
L'église sant' Agostino
(XIIIe
- XVe s.)
Une des caves Gattavecchi (vino nobile 2011 en
fûts
de chêne)
M. Gounel traduit les explications
sur les vins de
Montepulciano
Lundi 3 juin.
Sienne
Le matin, nous quittons l’hôtel
très tôt pour Sienne,
sur le chemin du retour.
Nous commençons par le complexe
muséal (Complesso museale)
réalisé dans l’ancien
l’hôpital
Santa Maria della Scala (XIIIe
s.), un
des plus anciens hôpitaux d’Europe,
situé face à la cathédrale et
transformé en musée. A l’origine, il
accueillait les pèlerins et recueillait les enfants
abandonnés. Un guide nous commente en français les
fresques de la salle des pèlerins
(réalisées par Vecchietta et Domenico di
Bartolo), particulièrement
intéressantes parce qu’elles illustrent, avec
réalisme et un grand souci du détail, la vie
hospitalière du XVe
s. Nous poursuivons avec la visite du
musée archéologique intégré
dans ce complexe muséal.
Hôpital Santa Maria della
Scala : église
de la Santissima
Annunziata
Crucifix dans église de
la Santissima Annunziata
Curieux vase où des
têtes de griffon
remplacent les anses
Vase canope
Après un pique-nique, chacun visite librement
Sienne, inscrite aussi au Patrimoine de l’Unesco. Le choix
est difficile : la Cathédrale, la piazza del Campo,
étonnante place inclinée en forme de coquille
Saint-Jacques (où se joue le célèbre
Palio :
une
périlleuse course à cheval au cours
de laquelle les cavaliers, représentant les dix-sept
quartiers de la ville, s'affrontent deux fois par an, en juillet et en
août, depuis 1590), les basiliques et les
palais…
Il a plu sur Sienne dès le début de
l'après-midi. Alors, pas de flâneries dans les
petites
rues parmi des imperméables bariolés de touristes
japonais.
Mais nous sommes allés au gré de nos envies, nous
abriter, qui à la Libreria
Piccolomini, qui à la crypte de la
Cathédrale pour admirer les fresques du XIIe
siècle, mises au jour en 1999, aux magnifiques couleurs
intactes et aussi au Baptistère San
Giovanni et au
Musée dell'Opera. Il a bien fallu choisir pour
repartir
à l'heure dite vers la Corrèze !
Façade de la Duomo
La
Pavement du Duomo : Le Massacre des Innocents (1481-1482)
La
piazza del Campo
La
piazza del Campo et le Palais Public
A 19 h, le séjour en Etrurie se termine, les
esprits sont
pleins de souvenirs merveilleux et prêts à
recommencer... Une ambiance extrêmement sympathique a
régné tout au long de ce voyage qui restera,
c’est certain, dans nos mémoires.
Devant l’église
San
Pietro in Villore
Devant le musée
de Chianciano Terme
Crédits.
Conception
et réalisation : Catherine et Guy Lintz
Photos : Myette Hebrant, Catherine et Guy Lintz, Pierre
Ouzoulias