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Les décors


blanc

Les décors sur céramiques communes sont relativement abondants. Ils concernent en effet 350 céramiques, soit prés de 40% de l'ensemble étudié. Le plus souvent modestes, ils contribuent parfois à faciliter la fixation de parties rapportées comme, par exemple, les pieds sur le fond externe des vases tripodes ou l'anse sur les bouteilles.

CARACTERES GENERAUX

L'analyse factorielle des correspondances calculée sur un tableau de contingence établi à partir des types de décors et des principaux caractères rencontrés sur les céramiques ornées permet de dégager quelques constantes. Tous les décors, sauf s'ils sont connus à un seul exemplaire, sont reportés sur le graphique reproduit ici. Une autre analyse effectuée avec la totalité des décors et les céramiques sans décor ne modifie pas la disposition d'ensemble du graphique.

  AFC décors
AFC montrant l'organigation des décors en fonction de différents caractères.

Les décors s'organisent approximativement en quatre groupes :

    - cordons, baguettes, sillons (en haut, à gauche)

    - décors polis (en bas à gauche)

    - décors ont la molette (en bas au centre)

    - décors gravés, guillochés ou barbotinés (en bas à droite)

Les autres caractères présentent une configuration plus ou moins intéressante selon le cas :

- les points se rapportant aux modalités du caractère "aspect" s'ordonnent sur une ligne horizontale. A gauche se situe le point qui correspond aux pâtes très grossières, la ligne se terminant, à droite, par le point relatif aux pâtes très fines.

- Les modalités décrivant la couleur de surface se scindent en deux groupes opposés : le premier en haut et à droite rassemble les couleurs claires alors que le second, en bas et à gauche, correspond aux couleurs foncées. En d'autres termes, les cuissons du mode A s'opposent aux cuissons du mode B.

- Les datations s'ordonnent selon une ligne brisée sur laquelle on note une progression vers la droite jusqu'à la datation 190-300 puis un retour vers la gauche pour les datations postérieures à 300. La contribution de ce caractère reste faible par rapport à d'autres. Les techniques de décor sont liées plutôt à la qualité de la pâte, au type de cuisson ou à la catégorie du récipient qu'à la chronologie.

L'axe 1 correspondrait par conséquent à la qualité du travail de l'argile ; il serait en partie lié au mode de cuisson, également lié à l'axe 2, il ne permet toutefois pas de l'expliquer à lui seul.

Globalement, l'analyse factorielle montre que les baguettes ou sillons se rencontrent de préférence sur des céramiques à pâte grossière ou moyenne, cuites selon le mode A ou B comme les jattes, bols, bouteilles ou tripodes.

Le décor poli se retrouve lui aussi sur des pâtes grossières mais avec un mode de cuisson de type B ; ceci est logique puisque cette technique de décoration se manifeste beaucoup mieux sur fond noir. Il constitue le mode de décoration privilégié des pichets et se rencontre principalement en Creuse.

Les décors gravés, guillochés ou barbotinés, avant tout liés aux pâtes fines et à une cuisson de mode A, sans exclure le mode B, ornent plus particulièrement les assiettes, les plats et les pots, surtout en Haute-Vienne.

Les décors ont la molette existent généralement sur des pots cuits en mode B ainsi que sur quelques pichets.

Un test du X2, effectué sur chacun des caractères pris en compte pour le calcul de l'analyse factorielle, montre que les différences entre les effectifs théoriques et les effectifs observés sont très significatives. En effet, pour p=0,005, la valeur du X2 dépasse toujours très largement la valeur limite. Le plus souvent, elle excède même le double de la valeur donnée par les tables.

LES MODES DE DECORATION

Le cordon

C'est un décor peu fréquent à l'époque romaine ou il ne se rencontre que sur des céramiques non tournées.

La baguette

Elle se substitue en partie au cordon sur les céramiques tournées sans être cependant un décor fréquemment utilisé (19 ex.) Sur le graphe de l'analyse factorielle, le point correspondant à ce décor montre une faible liaison avec l'un ou l'autre des principaux axes. Il se trouve par contre à proximité des points correspondant aux bols, jattes et bouteilles qui incluent les bonbonnes. Sa liaison apparente avec la datation +10/+50 ne correspond pas tout à fait une réalité archéologique. Elle est surtout due au fait que les bonbonnes et les pots qui comportent ce décor ne sont pas datés, contrairement aux bols et jattes qui se rencontrent dans des contextes précoces. En fait, d'après les résultats du test du X2, c'est la période -50 à +10 qui apporte la plus forte contribution. Le test du X2 confirme la présence privilégiée de ce décor sur les jattes et les bouteilles (bonbonnes), en liaison avec la couleur orangée, les pâtes grossières et une datation précoce.

Sur les jattes, les baguettes multiples peuvent évoquer le décor de récipients précoces en bois comme par exemple sur la forme Santrot 175. Plus tardivement une baguette se substitue parfois à une collerette. Bien que peu fréquente, la baguette se rencontre sur des pots précoces. Sur les pichets munis d'un bec verseur, elle souligne souvent la partie la plus étroite du col. Plus rarement des baguettes se répartissent sur la panse. Rares sur les bouteilles, elles sont par contre fréquentes sur les bonbonnes. Parfois elles s'associent à des sillons et se trouvent alors sur le haut de la panse. Dans d'autres cas, deux ou trois baguettes se disposent à intervalles réguliers sur la hauteur de la panse.

Les sillons

Ce type de décor, relativement fréquent (108 ex.) se rencontre pratiquement sur toutes les catégories de céramiques mais surtout sur les tripodes et sur les formes hautes et fermées. Façonnés lors de la finition du vase sur le tour, les sillons servent également à repérer l'emplacement du point de fixation des anses ou des pieds de tripodes. Plus spécialement dans ce dernier cas, les aspérités qu'ils créent augmentent l'adhérence des pieds. Ils limitent également une zone ornée selon une autre technique.

D'après l'analyse factorielle, ce décor semble lié aux vases "d'aspect moyen", cuits de préférence selon le mode A. La liaison avec la catégorie "tripode" s'explique parfaitement par l'examen des données. En revanche la proximité des points correspondant à la catégorie "bol" et à la datation "après 300" n'est pas due à une liaison car trois céramiques seulement sont attribuables à cette période. En fait, ce type de décor se rencontre à toutes les périodes sans que l'une ou l'autre soit privilégiée.

Les tests du X2 confirment que cette technique de décor est relativement indépendante des autres caractères. La plus forte liaison positive concerne, comme prévu, les tripodes (14,5). On ne trouve ensuite que 6 pour la couleur externe jaune. Les plus fortes contributions défavorables concernent les assiettes (9,6) et les pots (4).

Présent sur une seule assiette, le sillon apparaît parfois sur la paroi externe des jattes, bols ou terrines. Il peut comprendre un seul sillon sur des petits bols, un groupe de deux ou davantage. Dans quelques exemples, un sillon dégage un pseudo bord. Rarement seuls sur les pots, les sillons se rencontrent par groupe de deux ou de trois et peuvent alors limiter la panse et le col. Dans d'autres cas, plusieurs groupes de deux ou de trois se répartissent sur la panse. Dans quelques cas, des sillons limitent des zones ornées selon une technique différente : polissage, impressions à la molette ou excisions. Sur les bouteilles, cette technique, d'usage plus limité, se rencontre généralement sous forme de deux groupes de deux sillons disposés sur le haut de la panse. Plus rarement, on ne trouve qu'un seul groupe ou un sillon isolé associé à un ou deux groupes. Sur les pichets, un sillon seul, ou un groupe de deux, souligne un élément morphologique du vase : limite panse/col, le plus grand diamètre de la panse ou la partie la plus étroite du col.

Cette technique se rencontre fréquemment sur les vases tripodes où un groupe de sillons marque souvent la partie inférieure de la panse au niveau de l'attache des pieds. Parfois, un sillon plus large souligne la liaison entre le bas et le haut de la panse ou entre le haut de la panse et le bord. Ce type de décor peut également se trouver sur le milieu du haut de la panse, en un seul exemplaire, ou en plusieurs groupes ou régulièrement espacés. Dans un seul cas, des sillons limitent des zones guillochées.

Un seul mortier présente des sillons répartis sur la hauteur de sa panse.

Le peignage.

Les deux exemples de ce type de décor concernent des céramiques mises au jour dans un contexte antérieur à Auguste. Dans un cas, des coups de peigne alternés limitent, vers le bas, le peignage de la panse d'un pot grossier. L'autre exemple est fourni par une ligne horizontale ondée tracée suivant cette technique.

Décor moulé.

Seul un pichet possède un décor moulé associé à l'anse. Par la forme de son anse et la couverte micacée qui le revêtait, ce vase devait imiter un récipient en bronze.

Décor à la barbotine.

Ce type de décor se rencontre sur de nombreux tessons mais plus rarement sur des céramiques intactes ou reconstituées. Il orne en effet des vases à parois fines, donc fragiles et qui sont, le plus souvent, très fragmentés. L'analyse factorielle montre qu'il s'agit d'un décor associé à des pâtes bien travaillées. Ce sont des vases cuits en mode A mais dont la couleur de surface tire souvent sur le brun.

Les résultats du test du X² confirment la forte liaison de ce caractère avec la couleur de surface brune (17,3), la pâte très fine (8,4) et les pots (6,3). Un gobelet porte une série de deux coulées de barbotine obliques, réunies à intervalles irréguliers pour former des rectangles. Les pots constituent le principal support de ce type de décor aux motifs variés qui comprennent deux séries. Celle qui se rencontre le plus fréquemment regroupe des ornements composés à partir "d'épingles à cheveux" et de lunules. Ce sont :

    - des groupes d'épingles obliques, inclinés alternativement à droite puis à gauche et séparés par des lunules superposées.

    - un motif proche du précédent mais ou chaque groupe d'épingle est barré par une épingle de direction opposée ; un simple cercle remplace les lunules.

    - des épingles formant des croix de Saint-André.

    - des groupes d'épingles verticales alternées avec des croix de Saint-André.

Deux autres pots présentent des motifs totalement différents. Dans un cas, il s'agit de pastilles donnant au vase l'aspect de la peau d'un ananas. Dans l'autre, il s'agit de deux cercles concentriques répétés sur la surface de la panse.

Ces pots ornés à la barbotine appartiennent à une production bien connue des ateliers de la région de Lezoux (Martin, 1941). Ces céramiques apparaissent dans la seconde moitié du Ier siècle avec une diffusion qui atteint son apogée entre 80 et 100. Elles se retrouvent toutefois dans des contextes plus tardifs, jusqu'à la seconde moitié du IIe siècle (CHARBONNEAU, 1944).

Peinture.

Les décors peints sont rares. Mis à part des vases du type de "Roanne" étudiés récemment (LOUSTAUD, 1978B), seules trois céramiques portent des bandes horizontales rouges et blanches alternées. Il s'agit d'un entonnoir et de deux pots utilisés comme urnes cinéraires dans la seconde moitié du IIe siècle auxquels il faut ajouter un fragment de vase non étudié ici (BOUDRIE, 1968, photo 3). Un décor peint semblable est signalé à Alésia au second siècle également sur un vase ovoïde (LE GALL, 1959). Vers la fin du Ier siècle et dans le courant du IIe siècle, les ateliers de Montans ont produit diverses formes de vases engobés blancs et peints, entre autres, de bandes horizontales ocres (MARTIN, 1977, fig. 8)

Le polissage.

Ce type de décor concerne 85 céramiques, soit près d'une sur dix. Il se rencontre pratiquement sur toutes les catégories mais sa fréquence la plus élevée se trouve sur les pichets.

L'analyse factorielle montre que le polissage concerne des céramiques très grossières, cuites selon le mode B. A noter également la liaison avec les pichets et le département de la Creuse. L'examen des données et plus particulièrement le calcul du X2 confirment et précisent ces observations. Les plus fortes contributions au X2 (différences positives) concernent effectivement les pichets (16.7), les couleurs de surface grises (17,7) et noires (15,3), l'aspect très grossier (9,2), la Creuse (11) et les datations 100-190 (7,6) et 190-300 (10,7).

Les motifs se répartissent en deux groupes, selon qu'il s'agit de lignes ou de zones polies. Les zones sont toujours horizontales alors que la direction et le tracé des lignes offrent diverses possibilités.

Sur les assiettes, le décor poli, peu fréquent, se limite généralement à des lignes concentriques tracées sur le fond interne, sur le fond et la paroi interne ou encore uniquement sur la paroi externe. Dans ce dernier cas, la surface interne est intégralement polie. Un peu plus fréquent sur les jattes, ce décor, toujours composé de lignes ou de bandes horizontales, est disposé à l'intérieur uniquement, à l'intérieur et à l'extérieur ou seulement à l'extérieur. Les pots présentent de nombreux décors polis qui, à quelques exceptions près, sont des décors linéaires horizontaux avec toutefois un nombre important de variantes de forme, de nombre et d'emplacement.

1 - décors à base de lignes :

    - groupe de lignes sur le col

    - groupe de lignes sur la moitié supérieure de la panse

    - groupe de lignes réparties sur la totalité de la panse

    - lignes entrecroisées sur le haut de la panse

- certains tessons portent également plusieurs lignes ondées entrecroisées sur le milieu de la panse (type de décor fréquent à Thésée et Pouillé : Trombetta, 1982, fig. 86 et 87).

2 - Décor de zones polies.

    - une seule zone sur le haut de la panse

    - deux à quatre zones réparties sur la panse

    - une zone large couvrant le haut de la panse complétée, vers le bas de la panse, par des zones plus étroites.

Les lignes ou les zones horizontales polies se retrouvent sur la panse des pichets avec quelques variantes. En revanche, l'encolure des pichets offre un support privilégié aux décors polis. Ils présentent des motifs composés de segments de droites ou de lignes ondées.

1 - Segments de droite :

    - lignes verticales

    - groupes de lignes obliques alternées

    - lignes obliques entrecroisées.

2 - Lignes ondées :

    - une seule ligne

    - groupe de lignes ondées parallèles

    - lignes ondées entrecroisées.

Sur les bouteilles, ce décor reste exceptionnel et se limite à des lignes polies horizontales sur le haut de la panse. Il en va de même sur les tripodes qui, comme les autres formes ouvertes (assiettes et jattes) peuvent présenter des lignes horizontales polies à l'intérieur, à l'intérieur comme à l'extérieur ou seulement à l'extérieur.

Les impressions.

Un seul vase, mis au jour dans une sépulture du IIIe siècle, possède un décor imprimé. C'est un bol dont la collerette sert de support à deux motifs composés à l'aide de trois poinçons. Le premier comprend une fleur à cinq pétales, placée dans un demi-médaillon à deux bordures. Le second se compose de trois fleurs, identiques à la précédente, encadrées par une double ligne cordée. Ces motifs se répètent à quatre reprises sur le pourtour du vase.

Les décors gravés.

Les décors gravés ou excisés, concernent tous des pots enduits d'une couverte rouge ou orangée qui imitent la forme Déch. 72. La pâte diffère considérablement de celle des sigillées et, bien que fine, elle peut présenter des inclusions très grossières. A l'exception d'un exemplaire non daté, tous proviennent d'ensembles de l'extrême fin du IIIe et plus vraisemblablement du IVe siècle. Leur aspect suggère une production locale. De nombreux exemplaires sont en effet connus à Limoges et un tesson fut récemment découvert à Uzerche (ANTIGNAC, 1986).

Deux autres vases présentent un décor que l'on peut qualifier de gravure bien qu'il n'ait pas été réalisé lors de la fabrication et soit en fait des graffiti probablement tracés par l'utilisateur du vase. Tous deux proviennent d'un puits comblé vers la fin du IIIe siècle. Le premier, incomplet, est gravé à la pointe sur un groupe de tessons qui ont permis de restituer une partie du haut de la panse d'un pot. Une série continue d'arcades tracées au compas, dont cinq sont connues, se disposent sur le pourtour du vase. Elles prennent appui sur des pilastres cannelés. Un motif à base de quatre éléments stylisés se répète, identique, dans la partie supérieure de chacun des arcs. Au-dessous, entre les pilastres, se trouvaient des figures différentes. La plus complète représente le haut d'un personnage à tête radiée. D'une autre, on ne devine qu'une chevelure d'où partent deux cornes.

Le second décor se trouve sur une bouteille parvenue intacte. Il s'agit d'un phallus ailé reposant sur des pattes de bouc. Un second phallus se trouve sur la partie inférieure de la panse.

Le décor guilloché.

Comme le montre l'analyse factorielle, il se rencontre sur des céramiques fines, cuites selon le mode A, mais avec une couleur de surface tirant sur le brun. Il se rencontre de préférence en Haute-Vienne à la fin du IIe et dans le courant du IIIe siècle sur les assiettes et les plats ainsi que sur les pots.

Les tests du X2 confirment cette analyse dans la mesure ou la contribution au X2 (différences positives) de cette technique atteint 37,4 pour les assiettes, 17,4 pour l'aspect "fin", 3,5 pour la couleur "brun", 11 pour la Haute-Vienne et 10,3 pour la période 150-190. Inversement, les plus fortes contributions négatives concernent les pâtes grossières (9,5), la Creuse (9,7), la couleur de surface "grise"(7), les pichets (14), les jattes (6,8) (ces chiffres pour des tableaux comportant 24 degrés de liberté, soit, pour p=0,005, un seuil de 45,6). Bien que le caractère "surface" ne soit pas pris en compte dans les calculs, presque toutes les céramiques à décor guilloché possèdent un revêtement argileux.

Tous les plats et assiettes comportant ce décor, sont des céramiques à pâte claire (beige à orangée) revêtues d'une couverte interne qui dépasse légèrement la lèvre vers l'extérieur. L'assise possède généralement un ou plusieurs anneaux porteurs suivant le diamètre. Ces récipients se classent dans les séries A 120, A 130 et A 140. Le décor, suivant le diamètre, se compose de une à trois couronnes guillochées réparties sur le fond interne. Seul un bol tardif, dérivé de la forme Drag. 37, (87 085 1 - 3) présente une zone guillochée à la place de la partie normalement moulée. Fréquent sur les pots, il comporte le plus souvent trois zones horizontales réparties sur la hauteur de la panse. Rarement ce décor se réduit à deux zones. Plus souvent, il atteint cinq zones ou davantage. Parfois, surtout sur les formes tardives, il se limite à deux ou trois lignes. Exceptionnel sur les pichets ou les bouteilles, il ne se rencontre que sur des exemplaires revêtus d'une couverte rouge ou orangée et fabriqués dans des pâtes qui rappellent celles des assiettes portant le même type de décor. Il s'organise en zones horizontales ou en simples lignes peu marquées Assez fréquent sur les tripodes, il peut remplacer les sillons pour marquer l'emplacement des pieds mais son utilisation intéresse généralement le haut de la panse.

Bien que la disposition de ce type de décor n'offre qu'un nombre limité de possibilités, son aspect varie à l'infini. Le motif diffère en effet selon la forme ou la position de l'outil et le degré de séchage de la pâte. Toutes les variantes de dessin se rencontrent, depuis de très fines incisions régulièrement disposées jusqu'à de larges entailles irrégulières.

Les impressions à la molette.

Les décors à la molette, bien connus sur la sigillée argonnaise du IVe siècle existaient bien avant sur les céramiques communes. En Argonne G. Chenet fait d'ailleurs état de cette technique dès le Ier siècle de notre ère et précise qu'elle ne fut jamais totalement abandonnée du Ier au IVe siècle (Chenet, 1941, p. 109-113). Les ateliers du Centre de la Gaule ont probablement fabriqué une importante quantité de céramiques ornées de la sorte si l'on en juge par leur fréquence en Auvergne et dans les régions voisines, à partir du règne d'Auguste. Des vases ornés selon cette technique sont fréquents à Gergovie (Hatt, 1945 et 1947, fig. 15 ; - Labrousse, 1948 et 1950) comme au Beuvray (Cabotse, 1963, fig. 2). Dans le courant du Ier siècle, ce type de décor se rencontre à Clermont-Ferrand (Hatt, 1944 ; - Desforges, 1945A, fig. II et 1945B, fig. VII ; - Fournier, 1952, fig. 3), à Roanne (Cabotse, 1966, fig. 41 ; - Feugère, 1977, pl. 11), à Giat (Charbonneau, 1949B)... Cette technique est également connue en Saintonge dès Tibère (Tassaux, 1984,pl. 27) mais, semble-t-il, surtout dans la seconde moitié du Ier siècle (Santrot, 1975, pl. XIII). La découverte d'une molette lors de la fouille d'un atelier de potiers à Thésée est à noter (Ferdière, 1972A, p. 41-43 ; - Trombetta, 1982, p. 108-109). Les motifs à palmettes sont toutefois plus répandus et se retrouvent par exemple en Bretagne (Galliou, 1980 ; - Menez, 1986, pl. 44).

Pour le Limousin, l'analyse factorielle isole ce type de décor sur l'axe 2, sur le bas du graphique mais assez près de l'origine des axes, entre le décor poli et le groupe formé par les décors guillochés, barbotinés, etc. C'est en fait une technique qui ne présente pas de fortes liaisons avec les caractères retenus pour l'analyse. Les calculs du X2 ne permettent cependant d'établir un rapprochement avec une datation précoce et une cuisson de mode B. Encore faut-il préciser que les contributions restent faibles (4 et 7).

  décors molettes
Principaux types de décors à la molette.

En Limousin, ce décor apparait en effet sous Auguste et se développe dans tout le Ier siècle où il semble relativement fréquent. On le trouve encore, en particulier sur des urnes cinéraires, pendant tout le IIe siècle. Les formes servant de support sont variées (jattes, gobelets, pots, pichets, mortiers.


Les motifs répertoriés se classent en sept groupes.

    A - Suite de lignes :

    A1: petites lignes verticales

    A2: lignes obliques

    A3: lignes obliques avec séparations formées par des lignes espacées de sens inverse.

B - Damier :

    B1: damier formé par de lignes horizontales et verticales.

      C - Palmettes :

    C1: incisions fines

    C2: larges points.

    D - Triangles hachurés :

    D1: hachures obliques alternées.

      E - Trapèzes hachurés :

    E1: traits obliques avec séparations

    E2: traits obliques avec séparation manquante

    E3: traits obliques avec double trait séparatif.

F - Panneaux rectangulaires hachurés de traits obliques :

    F1: trait séparatif à chaque panneau

    F2: absence de trait vertical de séparation ; l'alternance du sens des hachures se fait régulièrement

    F3: absence de trait de séparation ; l'alternance du sens des hachures est irrégulière

    F4: feuilles de fougères régulières

    F5: feuilles de fougères irrégulières.

G - Panneaux hachurés associés à d'autres modes de remplissage :

    G1: lignes verticales de points en relief

    G2: lignes verticales de points en creux

    G3: traits horizontaux (échelle).