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La céramique.


La céramique, généralement brisée sur le bûcher avant la crémation, représente, de loin, la plus grande partie du mobilier recueilli lors de la fouille de la nécropole qui a livré plus de 7100 tessons de céramique commune, vaisselle d'aspect très varié, tant utilisée comme récipients de stockage ou de service que comme vaisselle de table, et 2100 tessons de céramique sigillée utilisée comme vaisselle de table.

Répartition de la céramique.

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  Répartition de la céramique
Répartition de la céramique sigillée, à gauche et de la céramique commune, à droite.
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Cette céramique se répartit très irrégulièrement par rapport à la surface de la nécropole. La figure ci-dessus montre une très forte concentration de tessons le long du mur de clôture. Plus de la moitié d’entre eux (60 %) est regroupée sur une bande de deux mètres de large près de la limite ouest de la nécropole. En outre, la céramique sigillée atteint des proportions importantes dans certaines zones (près de 50 %).

Cette disparité dans la fréquence de la céramique par rapport à l’emprise de la nécropole s’explique par la relation entre la répartition spatiale et la chronologie des sépultures. La pratique du dépôt de céramique dans la fosse, fréquente dans les tombes les plus anciennes proches du mur ouest, disparaît progressivement à partir de la fin du IIe siècle. Une tombe sur six seulement (soit 15%) incluait un dépôt de céramique). Les autres n’en renfermaient pas ou ne contenaient que quelques tessons résiduels. En outre 24 tombes seulement (soit moins de 9 %) renfermaient plus de 5 vases. La moitié d’entre elles correspond à des fosses profondes, 7 à des coffres circulaires et 5 à des fosses superficielles.

La céramique sigillée.

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  Formes de  céramique sigillée
Quelques formes de céramique sigillée.
La moitié gauche du dessin représente le profil de la céramique et sa partie interne.
 Estampille sur céramique sigillée
Estampille COBNIIRT.F : Cobnertus fecit.
Cobnertus est un potier qui a travaillé à Lezoux (Puy-de-Dôme) dans la seconde moitié du IIe siècle et au tout début du IIIe siècle.
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La céramique sigillée tire son nom de sigillum, le sceau en latin. C'est une céramique fine à vernis rouge grésé destinée au service de la table. Elle est produite de façon industrielle dans quelques ateliers bien identifiés, d'où l'uniformité de son vernis et la normalisation de ses formes. Elle bien datée par l'évolution de ces décors et par les timbres des potiers souvent présents.

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 Bol hémisphérique
Bol hémisphérique des ateliers de l'Allier orné d'un rinceau de feuillage sous une frise d'oves. Ce décor permet d'attribuer la confection de ce vase à l'atelier du potier Paternus II dont la période d'activité se situe entre les années 150 et 190.
 Vase tronconique
Vase tronconique avec panneaux ornés de différents motifs. Il semble attribuable à l'atelier du potier Laxtucissa dont la période d'activité se situe entre 145 et 170.
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Le répertoire de la céramique sigillée de la nécropole comprend plus d'une vingtaine de formes différentes, essentiellement des formes basses ou des bols qui ne sont pas décorées. Leur datation, très homogène, commence peu après le milieu du 2e siècle pour s'arrêter dans le premier quart du IIIe siècle.

Une cinquantaine de récipients porte, au centre interne, une estampille imprimée qui indique le nom du potier. Cette information permet de connaître le lieu et la date de production du récipient.

Toutes les céramiques sigillées proviennent des ateliers du Centre de la Gaule et, pour la majorité d'entre elles, de Lezoux. Quelques estampilles appartiennent toutefois à des potiers connus à la fois à Lezoux et aux Martres-de-Veyre.

Les formes ornées sont beaucoup moins fréquentes que les formes lisses. Les vases moulés, au nombre de six, comprennent trois bols hémisphériques, un gobelet tronconique deux vases à panse ovoïde.

 vase à deux anses
Ce vase à deux anses, revêtu d'une couverte brun-noir présente un décor sommaire composé de motifs moulés séparément (lion et coquille) puis appliqués sur la paroi de la panse.
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La céramique commune.

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 gobelet
Gobelet à pâte fine, revêtu d'une couverte brun-noir, avec un décor guilloché.

La céramique commune de la nécropole de Pontarion regroupe une grande variété de poteries qui concernent la vaisselle de table, la vaisselle de service, la vaisselle de conservation et la vaisselle de cuisson. Certains récipients sont de très belle qualité, en particulier ceux destinés à la vaisselle de table, d'autres à pâte très grossière et non tournés comme les vases destinés à la cuisson.

Contrairement à la céramique sigillée, la céramique commune est fabriquée au niveau local ou régional.

Les différentes formes sont dénommées en fonction de leur usage par comparaison aux récipients modernes : assiettes, plats, bols, écuelles...

1 - Le plat est un récipient récipients très bas sans anse ou organe de préhension. La distinction avec l'assiette faite d'après le diamètre ()plus de 25 cm) est plus suggérée par l'usage que par une réalité archéologique.

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 dessins céramique commune
Formes de céramiques communes représentées dans la nécropole de Pontarion.

2 - L'assiette correspond à un plat de petites dimensions.

3 - Le bol est un récipient aux proportions moyennes de petites dimensions.

4 - La jatte, plus grande que le bol, terme regroupe des récipients bas ou moyens qu'ils soient ouverts ou fermés.

5 - Le gobelet, récipient ouvert, haut, présente des parois légèrement évasées ou verticales.

6 et 7 - Le pot ou vase, récipient haut et fermé sert essentiellement à conserver. Lorsque les dimensions deviennent importantes, il devient une jarre.

8 - Le pichet s'apparente à un pot muni d'une anse et souvent d'un bec pour verser. Souvent, son allure générale s'en distingue cependant par une encolure plus haute et plus étroite.

9 - La bouteille, également munie d'une anse, est un récipient haut très fermé, ce qui le distingue du pichet. Avec de grandes dimensions, elle prend le nom de bonbonne.

10 - Le tripode est un récipient bas et ouvert à fond plus ou moins convexe qui repose sur trois pieds.

11 - Le couvercle sert à fermer des récipients.

Le mortier, récipient ouvert, tronconique, utilisé en cuisine pour écraser les aliments, n'est représenté que par quelques tessons.

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La céramique dans les tombes.

Une première distinction est à faire entre la vaisselle brisée sur le bûcher et celle placée intacte dans la tombe.

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 AFC
Sur l'axe 1, l'analyse factorielle des correspondances distingue nettement les ensembles funéraires des habitats, puits ou fosses. La position du n° 5, interprété comme dépotoir, est en fait une sépulture.

La vaisselle brisée sur le bûcher.

Elle comprend, pour chaque incinération, un nombre variable de vases (parfois plusieurs dizaines). Le bris de la vaisselle sur le bûcher est attesté au Ier s. de notre ère et subsiste jusqu'au début du IIIe s. Une constante se dégage dans la composition de ces ensembles qui comprennent assiettes jatte, écuelle tripode, vase à provision et bouteille. Quel que soit le nombre de récipients, les proportions entre les différentes catégories varient peu. L'analyse détaillée d'ensembles céramiques limousins montre qu'il existe d'importantes différences dans la composition du mobilier céramique retrouvé dans les habitats et de celui qui était placé en offrande dans les sépultures. Ces dernières renferment des assiettes et des vases tripodes en grand nombre. Inversement, la céramique recueillie dans les habitats, ou dans les dépotoirs, comprend davantage de pots et de couvercles et beaucoup moins d'assiettes et de vases tripodes.

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Lors de la fouille cette céramique se reconnaît aisément car elle porte les stigmates de son passage sur le bûcher : tessons de céramique sigillée noircis par le feu, couleur de la céramique commune modifiée par endroits. Parfois, lorsque le bûcher atteint une très forte température, des gouttes de verre en fusion adhèrent sur les tessons et même sur les cassures. Le remontage des vases montre souvent de fortes différences de coloration entre deux tessons qui s'assemblent : l'un porte les traces de son passage au feu alors que l'autre, probablement tombé en limite du foyer lors du bris de la céramique sur le bûcher, n'a subi aucune modification de teinte. L'examen des cassures associé aux différences de coloration permet parfois de déterminer les fractures initiales et d'en déduire la façon dont le vase a été brisé. Les assiettes offrent généralement une cassure médiane : tenues par un bord elles étaient frappées contre une arête.

La céramique déposée entière dans la tombe.

Le dépôt de céramiques entières reste cependant l'exception, au cours des deux premiers siècles, dans les régions où la vaisselle brisée sur le bûcher est abondante. Dans ce cas, il s'agit seulement d'une bouteille, parfois d'un vase, déposé à la surface du résidu de la crémation. Pour cet usage, la verrerie est d'ailleurs d'un emploi plus fréquent.

Au cours du IIIe s., alors que l'importance de la vaisselle brisée sur le bûcher s'atténue, les offrandes secondaires deviennent plus fréquentes, tant dans la fonction de contenant que dans celle d'objets.

Les céramiques miniaturisées

Les sépultures renferment souvent des récipients de dimensions réduites, et des récipients de dimensions normales. Des céramiques miniaturisées parfois empilées ou placées de chant dans la fosse, ces petits récipients n'avaient aucune utilité fonctionnelle, au même titre d'ailleurs que les ustensiles métalliques miniaturisés également fréquents à la même période

Ils sont sommairement tournés dans une argile incorrectement travaillée, contenant encore de gros cristaux de quartz, fendillée au séchage. Certains récipients ne pouvaient d'ailleurs pas contenir de liquides car, en fin de tournage, la séparation de la motte d'argile a entraîné un gros grain de quartz qui a provoqué une fente importante dans le fond du vase.