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Production et commerce


A l'exception de celui de Brive, les ateliers ayant produit de la céramique commune ne sont pas connus. Tout au plus quelques fours circulaires de petites ou moyennes dimensions suggèrent-ils une cuisson de la céramique dont aucun produit fini n'est identifié.

Dans ces conditions, il est difficile d'étudier les relations commerciales, en particulier d'éventuelles exportations.

LES FOURS.

A - Brive.

Depuis quelques années, la surveillance continue des travaux urbains effectués dans le centre de la ville a permis de mettre en évidence un centre de fabrication de produits céramiques : statuettes, céramiques communes et sigillées, matériaux de construction (Moser-Gautrand, 1981 ; - MOSER, 1984, 1986A et 1986B).

  Four de Brive.
Le four de Brive, d'après F. Moser.

Seuls subsistent les vestiges de deux fours. L'un d'eux, rectangulaire, aurait servi à cuire des matériaux de construction. Un autre, situé à proximité, était, lors de sa découverte, amputé de sa chambre de chauffe et de son alandier. Le laboratoire et la sole avaient également disparu. Il ne subsistait donc que la chambre de cuisson d'un four circulaire de 1,2 m de diamètre. Une languette devait supporter la sole dont aucun vestige n'a été observé. La paroi de la chambre de chauffe et la languette sont construites en fragments de tegulæ et de briques liées par de l'argile.

Comme c'est d'ailleurs le cas à Brive pour la céramique sigillée, deux périodes de production sont identifiées.

La première, contemporaine des productions sigillées du premier groupe de Brive, par conséquent datée de la fin du Ier ou du tout début du IIe siècle, est attestée par de nombreux débris de vases surcuits.

blanc Ce sont :

    - des assiettes aux parois évasées, presque rectilignes, terminées ou non par un bord. Elles appartiennent aux types A 112 c, A 212 a, A 212 b (A, 1 et 2)
    - des couvercles tronconiques à bord horizontal et large bouton de préhension qui sont à rapprocher de la s érie I 212 (A, 3 et 4)
    - des tripodes hémisphériques de type G 111 a ou G 112 b. (A, 5 et 6)
    - des gobelets cylindriques aux proportions proches de celles du type C 211 a (A, 7).
  Productions Brive.
A - Productions de l'atelier de Brive.
  Productions Brive.
B - Productions de l'atelier de Brive.
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La seconde correspond aux céramiques exhumées dans l'environnement du four ci-dessus. Il n'est toutefois pas certain qu'il s'agisse d'une production locale bien que cette hypothèse soit assez vraisemblable en raison de l'existence d'un grand nombre d'exemplaires identiques. Ce sont :

    - des pots avec col, encolure large et parfois lèvre en gouttière (B, 1, 2, et 3)
    - des couvercles tronconiques à bouton de préhension étroits de type I 213 a (B, 4)
    - des jattes à col vertical et bord roulé proches du type B 115 c (B, 5).

B - La Chapelle-Montbrandeix.

Ce four, découvert dans la cour d'une villa, fut fouillé en 1968 et 1969.

Le laboratoire de forme circulaire, encore conservé sur une hauteur de 0,90 m, mesure 1,65 m de diamètre au sommet et 1,45 m au niveau de la sole. La partie subsistante, placée à un niveau inférieur à celui du sol antique, est faite de fragments de tegulæ.

La sole, construite en tegulæ posées à plat repose sur au moins trois murets. Elle comporte quatorze carneaux, de taille irrégulière, percés après sa construction. La chambre de chauffe n'a pas été fouillée, de façon à pouvoir conserver le laboratoire et la sole en prévision de la présentation du site au public. De ce fait, il n'est pas possible de connaître la disposition exacte des supports de la sole. Le seul fait certain est qu'il existe un muret dans le prolongement de l'alandier et deux autres situés de part et d'autre. Sa hauteur n’excède pas 0,30 m. Long le 0,70 m, ouvert en direction sud-est, il est directement taillé dans l'arène granitique. L'aire de chauffe, de forme irrégulière, également creusée dans l'arène granitique, a son sol incliné vers l'alandier. Aucun vestige d'une structure édifiée pour protéger le four ou l'aire de chauffe n'a été décelé au cours de la fouille.

La production issue de ce four n'est pas connue. Sa période de fonctionnement a dû être brève puisque les terres de comblement ont livré du mobilier datable du second tiers du Ier siècle.

  Le Four de la Chapelle-Montbrandeix
Le Four de la Chapelle-Montbrandeix (d'après le T.C.F.)
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C - Châteauponsac.

  Le Four des Taffres à Châteauponsac
Le Four des Taffres à Châteauponsac (d'après J.-P. Loustaud)

Ce four, mis au jour au cours d'un labour en 1979, près du village des Taffres, fut entièrement vidé par son inventeur. La fouille sommaire entreprise par la suite s'est limitée à l'ouverture de deux tranchées en croix de façon à examiner son environnement immédiat et fouiller l'entrée de l'alandier (LOUSTAUD, 1982).

Aucune autre découverte n'a été signalée dans son environnement. Son emplacement, sur un plateau, suggère toutefois la proximité d'une structure agricole.

Aucune trace de la sole ni d'un éventuel support n'a été observée mais rien ne prouve qu'elle n'a pas existé. Le radier se compose d'une épaisse couche d'argile cuite mêlée de fragments de tegulæ. L'ensemble laboratoire / chambre de cuisson mesure 0,90 m à 1,20 m de diamètre pour une hauteur conservée de 1,20 m dont 0,80 m creusé dans l'arène granitique. Les parois, construites en fragments de tegulæ liés à l'argile, sont en partie revêtues d'un enduit d'argile cuite. Les six derniers rangs de tegulæ, disposés en encorbellement, amorcent la courbure de la voûte. L'alandier, long de 0,90 m, large de 0,35 m et haut de 0,40 m, s'ouvre à l'ouest. Des dalles de granit assurent sa couverture.

Rien n'indique que les quelques tessons recueillis se rapportent à la production de ce four. Leur morphologie suggère une date voisine du milieu du Ier siècle.

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D - Javerdat.

Cette structure, mise au jour en 1968 au cours de travaux agricoles, fit l'objet d'un dégagement par l’inventeur puis par les membres de la société historique et archéologique du Limousin (LOUSTAUD, 1979). Il se situe à proximité de la ferme de Granchamp, au lieudit "le Trou de Renard".

  Le Four de Javerdat
Le Four de Javerdat (d'après J.-P. Loustaud)

Les seuls vestiges connus dans son environnement sont ceux d'un enclos quadrangulaire en limite duquel fut mis au jour un torse sculpté dans du calcaire. De nombreux fragments de tegulæ furent également exhumés à proximité, lors de l'enfouissement de souches.

La description qui est donnée de ce four exclut la présence d'une sole. L'alandier débauchait directement dans la chambre de cuisson d'un diamètre de 2 m à la base. Les parois, construites en pierres recouvertes d'une épaisse couche d'argile cuite étaient largement évasées. Elles sont encore conservées sur 0.70 m. de haut et à ce niveau, le diamètre interne atteint 2,60 m. Le radier, partiellement détruit, se composait d'une couche argileuse cuite. L'alandier, long de 2,40 m, large de 0,40 m, s'abaissait nettement en direction de la chambre de chauffe, située au sud, qui n'a pas été dégagée. Le seul indice chronologique reste les fragments de tegulæ employés dans la construction des parements de l'alandier.

Il est par ailleurs impossible de conclure en faveur de la présence ou de l'absence d'une sole. La longueur et le pendage de l'alandier n'excluent pas l'hypothèse d'un four à chambre unique (DUHAMEL, 1974, type Iv1), Bien que l'hypothèse d'un four de tuilier ait été avancée en raison de la découverte de débris de tegulæ à proximité, celle de son utilisation pour la cuisson de vases ne peut, à priori, être abandonnée.

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E - Saint—Priest-sous—Aixe.

Dégagé en 1968 à proximité d'une importante structure agricole, ce petit four se trouvait fortement arasé et seule sa base subsiste (EQUIPE REGIONALE LIMOUSINE…, 1969).

Il s'agit d'un petit four de plan ovoïde dont la chambre de chauffe mesure 1,20 m de long sur 1 m de large. Un pilier central devait supporter la sole. Des tegulæ posées à plat constituaient le radier de la chambre de chauffe dont les parois étaient construites en fragments du même matériau liés à l'argile. Un tesson de céramique sigillée de la seconde moitié du IIe siècle mis au jour au cours de la fouille, constitue le seul indice chronologique.

  Le Four de Javerdat
Le Four de Saint-Priest-Sous-Aixe (d'après P. Dupuy)
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Les lieux de production de la céramique commune sont par conséquent très mal connus. On peut toutefois signaler, d'après les quelques fours mentionnés, que de nombreuses villae fabriquaient une partie de leur céramique. Seules les exploitations agricoles implantées sur les terrains granitiques ou granulitiques de la Montagne limousine ont pu avoir des difficultés à se procurer sur place une argile convenable. Partout ailleurs les terrains métamorphiques recèlent des gisements d'argile. Au XVIIIe et XIXe siècle, ils alimentaient de nombreux ateliers de potiers dont certains existaient bien avant (Robert, 1970). A noter que les quelques lieux de production antiques connus se trouvent dans les mêmes régions.

LES ESTAMPILLES.

les estampilles sur céramique commune sont extrêmement rares en Limousin. Elles comprennent surtout des timbres sur collerettes de mortiers.

Inventaire.

  Le Four de Javerdat
Le Four de Saint-Priest-Sous-Aixe (d'après P. Dupuy)

    COSAGILLIM : trois exemplaires similaires de cette estampille furent mis au jour à Limoges (fig. 126, 1 à 3). Il est pos-sible de placer l'activité de ce potier dans la seconde moitié du IIe siècle (LOUSTAUD, 1980B, fig. 9, 290-292).

    ..ENVS/..TAV: placé de chaque côté du déversoir d'un grand mortier (87 085 6-8) mis au Jour en 1964 dans un des puits de la clinique Chénieux à Limoges, ce timbre n'a pu être lu en totalité (LOUSTAUD, 1980B, fig. 9, 293). Une palme sépare les deux lignes de l'inscription. Le remplissage du puits renfermait un mobilier du dernier quart du Ier siècle. La forme du mortier suggère toutefois une date plus précoce.

    IILICIM : estampille sur collerette de mortier mis au jour rue du Clos-Chaudron à Limoges dans un contexte incluant des céramiques sigillées de la seconde moitié du IIe siècle (LOUSTAUD, 1980B, fig. 9, 294).

    MAXIMI.M : estampille découverte à Mazeirat, commune de Saint-Pardoux, Haute-Vienne. Elle a, semble-t-il, disparu sans avoir été dessinée (DESBORDES, 1979, p. 494)

    Q.MEDESC[.]B[.. : timbre sur collerette de mortier exhumée dans un puits, rue de l'Hôpital à Limoges, associé à du mobilier du IIe siècle (LOUSTAUD, 1980B, fig. 9, 295).

    PRIV : estampille sur collerette de mortier provenant de la clinique Chénieux à Limoges (LOUSTAUD, 1980B, fig. 9, 296).

    SANTINIM : marque sur collerette de mortier découverte en surface à l'emplacement d'une villa antique (LINTZ, 1981, 18).

    VIGORIM : timbre sur collerette de mortier exhumée avenue de la Révolution en 1963 (LOUSTAUD, 1980B, fig. 9, 297). Il était associé à l'une des marques COSAGILLIM et, comme elles, peut dater de la seconde moitié du IIe siècle.

    VIGORI.M : estampille sur collerette de mortier (87 041 1 -14) découverte à la Bussière-Etable, commune de Châteauponsac. Le contexte couvre une vaste période entre le milieu du IIe siècle et la fin du IIIe.

    VIGO. M : marque sur collerette de mortier découverte hors contexte à Auriat, Creuse. Elle appartient vraisemblablement au même potier que les deux précédentes (KAISER, 1980).

    VIRHDONIIM (?) : estampille sur collerette de mortier provenant d'une sépulture fouillée à Saint-Goussaud, Creuse, en 1965. La tombe qui la renfermait date du début du IIIe siècle (DUPUY, 1968, pl. I, 204),

    ACO./ARCI : timbre appliqué sur la nervure médiane d'une anse de bouteille en terre blanche. Un rang de perles sépare les deux lignes, un second borde le haut du cartouche. Cette anse mise au jour à Saint-Gence, Haute-Vienne, se trouvait dans une fosse renfermant un abondant mobilier augustéen (PERRIER, 1984, fig. 17).

    ATTIO/AVOT : timbre sur fond de plat en céramique fumigée à surface polie entourée d'une couronne guillochée. Il fut découvert à Limoges en 1963, boulevard Gambetta (LOUSTAUD, 1980B, fig. 1, 25).

    …]ANC/SANO : deux empreintes de petites dimensions superposées sur un petit tesson de céramique jaune mis au jour à Chanteau, commune de Saint-Martial-le-Mont, Creuse (DROUHOT, 1971).

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L'estampille sur anse de bouteille est intéressante ; comme celle du mortier de la clinique Chénieux, également disposée sur deux lignes, elle n'a pas une origine locale. Il en est de même de celle sur céramique fumigée découverte à Limoges qui évoque les produits précoces du Centre de la Gaule. Par contre une fabrication régionale peut être envisagée pour des potiers dont plusieurs estampilles ne sont signalées qu'en Limousin tels Cosagillus ou Vigor. Il est plus délicat de se prononcer pour les potiers dont le nom n'est mentionné qu'une seule fois même s'ils ne sont pas connus dans les régions voisines.

PRODUCTION ET COMMERCE

Les quelques céramiques fabriquées à Brive et présentées ici ne sont qu'un aperçu des productions de cet atelier en cours d'étude ; toute recherche sur leur diffusion serait encore prématurée. A priori, elles ne semblent pas avoir été diffusées vers le Limousin. Peut-être leur diffusion est-elle calquée sur celle de la céramique sigillée fabriquée aux mêmes périodes, c'est à dire plutôt en direction de l'ouest et du sud-ouest (BEMONT, 1986, fig. 25).

Toutefois, certains produits qui se distinguent à la fois par des détails morphologiques et technologiques peuvent avoir une origine régionale et une diffusion assez large.

Les céramiques à couverte rouge : De nombreuses céramiques à couverte rouge, en particulier des assiettes à revêtement interne qui diffèrent morphologiquement d'un lieu à l'autre, évoquent plusieurs centres de production. Le plus important, localisé vers le centre et le nord ouest du département de la Haute-Vienne, comprend les nombreuses assiettes des sépultures de Sauviat-sur-Vige et d'autres signalées à Limoges, Châteauponsac... (types A 122 a, A 131 a, A 133 a et c, A 134 a, A 135 b et c). Au centre et à l'ouest de la Corrèze, ainsi qu'au sud-est de la Haute-Vienne, des produits similaires sont moins souvent ornés et diffèrent par des détails morphologiques (types A 135 e, A 137 a et A 142 b). A ce type de production, il convient de rattacher les petites écuelles de type B 122 a et B 122 e, les petits bols de la série B 411 ou encore les vases tripodes de la série G 211.

Toutes ces céramiques se rencontrent dans des ensembles de la fin du IIe ou de la première moitié du IIIe siècle. Par leur aspect elles tendent à se substituer à la céramique sigillée mais les assiettes évoquent surtout les céramiques à engobe rouge pompéien bien connues dans la première moitié du Ier siècle (Goudineau, 1970). Non seulement elles possèdent un enduit qui déborde à l'extérieur de la lèvre mais leur morphologie se rapproche des types 4B, 5 et 6 de Blicquy (De Laet, 1969 et 1972, fig. 19). En outre, une assiette de Genève possède un anneau interne guilloché et une base annulaire (Paunier, 1981, p. 528-529, no 577). Bien que quelques exemplaires tardifs de cette céramique soient signalés en Belgique ou à Genève, cette céramique reste rare après la fin du Ier siècle. En outre le revêtement de la plupart des assiettes limousines diffère légèrement de celui des produits du premier siècle (couleur parfois orangée, grésage...). De plus, en l'absence de traces de feu sur de nombreux exemplaires, il est difficile de leur attribuer le même usage.

D'autres produits à couverte rouge remplacent ceux-ci dans la seconde moitié du IIIe siècle. Ils se rencontrent en particulier à Limoges mais ne sont pas absents d'autres sites occupés au Bas-Empire. Ils se subdivisent en deux groupes. Le premier se compose de pots à décor excisé façonnés dans une pâte parfois très grossière (types D 241 f, D 243 a2, b et c). Leur forme rappelle la forme sigillée Déch. 72. Le second reproduit des formes ouvertes connues en Poitou en céramique dite "à l'éponge" caractérisée par des motifs étoilés obtenus par pression sur le revêtement argileux. Les formes rencontrées en Limousin, à couverte unie, appartiennent aux types B 122 b et d, B 311 b et B 312 a. Elles correspondent, en céramique à l'éponge, aux formes IV, II - B et VI (RAIMBAULT, 1973, pl. 1).

Les pots à décor guilloché.

Ces pots reproduisent les céramiques à parois fines et décor guilloché apparues dans les ateliers du centre de la Gaule vers la fin du Ier siècle (MARTIN, 1941). En Limousin, ils appartiennent aux types D 113 c et D 223 c). Les productions régionales tardives s'en distinguent par un aspect plus grossier, une morphologie moins régulière, des parois plus épaisses et surtout par l'encolure non plus simplement évasée mais très infléchie vers l'extérieur, parfois retombante, avec un bord épaissi ou en rouleau. Dans leur majorité, ces vases se classent dans les types D 111 e, f2, g et D 224 c2, d, e.

Les céramiques grossières non tournées.

Dès la fin du IIe siècle réapparaissent des céramiques grossières, dont la pâte inclut un abondant dégraissant, non tournées et à surface peignée. Ces caractères technologiques ainsi que leur morphologie rappellent les formes du second Age-du-Fer. Seul le degré de cuisson peut, dans certains cas, aider à les distinguer lorsque leur contexte n'est pas connu. Ces vases tardifs, souvent mieux cuits que ceux de l'Age-du-Fer, peuvent posséder une couleur gris-bleuté inconnue en Limousin sur les formes précoces. D'autres fois leur couleur varie de l'orange au gris ou au noir, non seulement d'un vase à l'autre mais aussi sur un même vase. Parfois, leur surface légèrement craquelée évoque les céramiques du groupe "craquelé-bleuté" de l'Est.

Ces céramiques, vraisemblablement produites localement, sont toutes des jattes ou des pots. Les jattes tronconiques à base portante et parois peu évasées appartiennent aux types B 123 a et B 124 a. Les pots, également munis d'une base portante et d'une ouverture large, se rangent dans les types D 211 b, D 212 b, c, et d). Leur forme évoque, avec l'anse en moins, la forme 17 de la céramique culinaire de Fréjus (RIVET, 1982, p. 257). A noter toutefois que le n° 87 085 14 - 18, incomplet et par conséquent non inclus dans la classification, possède une anse similaire. Comme les céramiques modelées du Midi, et pour les mêmes raisons, ces vases non tournés pouvaient servir à la cuisson des aliments.

LES IMPORTATIONS.

Dès l'époque augustéenne, les importations sont nombreuses comme en témoigne la céramique d'une fosse de cette époque fouillée à Saint-Gence (Haute-Vienne). On y remarque en particulier de nombreux tessons de coupes en céramique fumigée d'origine saintongeaise (SANTROT, 1979, formes 172 et 175). Il s'y trouve en outre de la céramique à engobe "rouge-pompéien" et des fragments, ornés de palmettes, appartenant à des imitations de gobelets d'Aco, vraisemblablement importées des ateliers arvernes. La céramique d'origine locale, grossière, ne tient qu'une place limitée dans cet ensemble qui a également livré de la sigillée italique.

Dans la première moitié du Ier siècle, les ateliers de Saintes ont largement diffusé leurs productions en Limousin. A Limoges, les découvertes d'ensembles précoces livrent des tessons de céramique grise fumigée en abondance. Un calice de forme Santrot 213, découvert en Corrèze (19 210 1 - 1) est aussi une importation de Saintes.

Déjà présents dans la première moitié, les ateliers arvernes dominent le marché Limousin dans la seconde moitié du Ier siècle (bouteilles à couverte blanche, vases à parois fines...). C'est à ce moment que semblent se diversifier et s'intensifier les productions locales. Cependant, les relations commerciales avec la Saintonge se poursuivent vraisemblablement jusqu'à la fin du Ier siècle. Nous serions en effet tenté d'attribuer à ces ateliers certaines céramiques découvertes dans des contextes flaviens.

Au IIe siècle, les céramiques fines se raréfient au profit de pâtes plus grossières dont l'origine locale parait probable. C'est à ce moment et jusqu'au milieu du IIIe siècle que les variantes régionales sont les plus évidentes (voir la répartition spatiale des types). Les centres de fabrication se sont alors multipliés mais il n'est pas possible, en l'état actuel, de différencier les produits importés des vases fabriqués localement. Tout au plus, pouvons nous noter des ressemblances, en particulier entre le Berry et la Creuse ou le nord de la Haute-Vienne.

Au IIIe siècle, la situation se modifie à nouveau. Les produits techniquement plus élaborés que ceux du IIe siècle remplacent la céramique sigillée arverne et cherchent parfois à l'imiter. Les importations deviennent alors plus rares mais subsistent encore comme le montrent par exemple la découverte de céramique à l'éponge sur quelques gisements du Limousin ainsi que celle de sigillée argonnaise (Limoges, Crozant, Uzerche...).