Les mortiers sont des récipients ouverts bas munis de d'une collerette épaisse qui renforce
le haut de la parois. A l'intérieur, un revêtement de quartz les recouvre. Ces grains de quartz,
le plus souvent très grossiers, évitaient l'usure trop rapide des parois et facilitaient le
broyage des denrées. En effet, les mortiers servaient à écraser et malaxer des aliments.
C'est du moins leur usage normal, même si certains, mis au jour dans des sépultures,
ne pouvaient y répondre. n des récipients rangé dans cette catégorie, muni d'un bord
épais, ne pouvait satisfaire à cet usage.
La troncature de l'arbre hiérarchique, effectuée comme pour les catégories plus vastes, permet de définir trois familles
- H 100 : panse tronconique aux proportions moyennes. - H 200 : Parois très évasées. - H 300 : collerette haute et large .
Les mortiers : famille H 100
C'est dans cette famille que se retrouvent dix-sept des dix neuf mortiers, tous postérieurs au
Ier siècle. Elle peut se définir par l'inclinaison des parois (rapport diamètre haut
de la panse-diamètre bas/hauteur de la panse compris entre 1.5 et 2.5).
La hauteur ne dépasse pas le diamètre de la base multiplié par 1.2. Elle se subdivise en trois genres :
- H 110 : parois peu ou moyennement inclinées et collerette haute.
- H 120 : parois courbes et collerette large et peu élevée.
- H 130 : bord élevé.
GENRE H 110 :
C'est, en Limousin, le mortier de type courant aux parois généralement rectilignes ou à faible
courbure avec une collerette trapue et un bord peu marqué. Ce genre ne comprend que deux séries :
- H 111 : panse haute aux parois peu inclinées
- H 112 : parois d'inclinaison moyenne
Série H 111 :
Un seul exemplaire se distingue par sa panse haute aux parois peu inclinées, légèrement courbes.
Type H 111 a :
Ce type aux parois légèrement courbes et collerette beaucoup plus haute que large évoque la forme
sigillée Drag. 43 de l'époque antonine. Cet exemplaire, mis au jour dans une sépulture de la seconde
moitié du IIe siècle, était d'ailleurs associé à une céramique sigillée de cette forme.
Série H 112 :
Cette série rassemble des vases à panse tronconique et parois rectiligne ou à courbure peu prononcée. A l'intérieur,
les types se déterminent essentiellement en fonction des proportions de la collerette et de l'inclinaison des parois.
Type H 112 a :
Les proportions de ce type sont proches de celles du type précédent bien que les parois soient plus évasées.
L'exemplaire corrézien, également exhumé d'une sépulture de la seconde moitié du IIe siècle,
rappelle d’ailleurs, lui aussi, la forme sigillée Drag. 43. Le contexte de l'exemplaire creusois
est inconnu mais une forme similaire signalée dans la
région parisienne date de la fin du IIe ou du IIIe siècle.
Type H 112 b :
Par rapport au type précédent, les proportions globales de celui-ci sont légèrement plus basses et
celles de la collerette un peu plus larges. A Limoges, un exemplaire estampillé COSAGILL(...
date de la seconde moitié du IIe siècle. Des formes semblables existent en Picardie
au IIe siècle et à Lyon dans la seconde moitié du IIe siècle.
Type H 112 c :
Ce type, assez différent des précédents, se caractérise par des parois légèrement courbes,
peu évasées, et une collerette plus large que haute. Bien que non daté, il se rencontre
surtout aux IIe et IIIe siècle et même à la fin du Ier
en Aquitaine ou plus tard, jusqu'au Ve siècle en Suisse.
Type H 112 d :
C'est un mortier assez haut aux parois peu inclinées qui se distinguent par sa collerette haute et peu large,
placée à l'aplomb du bord.
Non datée en Creuse, cette forme se retrouve au IIe siècle dans la Somme et au IVe dans l'Yonne.
Type H 112 e :
La collerette, presque aussi large que haute et moins trapue que dans la plupart des autres types,
se dégage nettement de la panse. Cette forme, non datée à Limoges,
existe au IIe siècle et au début du IIIe en Belgique et en Allemagne.
Type H 112 f :
Ce mortier bas, aux parois rectilignes et obliques, reposait dans un contexte du milieu du IIe siècle.
La collerette, assez haute, se dégage bien du bord rentrant.
Type H 112 g :
Ce type se signale par des parois peu évasée, une base étroite et une collerette large et retournée,
trapue dans la variante 1, plus fine dans la variante 2 qui diffère également par ses parois
légèrement courbes. La variante 2 reposait dans un contexte de la fin du IIIe siècle.
Des formes comparables sont toutefois mentionnées au Ier et au IIe siècle
en Suisse et dans la seconde moitié du IIe siècle en Grande-Bretagne.
GENRE H 120 :
Le seul exemplaire de ce genre s'illustre par sa collerette horizontale, large et peu élevée.
Série H 121 :
Les parois courbes donnent à la panse une forme hémisphérique.
Type H 121 a :
Il s'agit d'une forme basse qui n'est pas datée en Haute-Vienne. Elle se retrouve à plusieurs
reprises dans la seconde moitié du Ier siècle et dans la première moitié du IIe siècle.
Une telle datation correspondrait bien au décor à la molette de Châteauponsac.
Une forme semblable est également mentionnée à la fin du IVe siècle en Grande-Bretagne.
GENRE H 130 :
Ce genre, peu homogène, rassemble trois mortiers qui se répartissent
en trois séries. Leur point commun est l'importance du bord, qu'il soit haut ou épais.
Série H 131 :
L'exemplaire rangé dans cette série se distingue par sa collerette large et peu élevée.
Type H 131 a :
C'est une forme assez haute, aux parois rectilignes d'inclinaison moyenne, qui n'est pas
exactement datée en Corrèze. Elle est signalée en Aquitaine dans la seconde moitié du Ier siècle.
Série H 132 :
La panse, peu élevée, possède des parois évasées.
Type H 132 a :
La collerette, plus haute que large, retombe largement. Ce type, mis au jour dans une sépulture
de la seconde moitié du IIe siècle, présente en outre une base étirée ainsi que des parois courbes.
Il est connu à la fin du IIe siècle et au début du IIIe
en Grande-Bretagne et dans la seconde moitié du IIIe siècle en Allemagne.
Série H 133 :
Cet exemplaire se distingue par l'épaisseur de son bord. Cette particularité
n'est vraisemblablement due qu'à ses dimensions réduites qui impliquent une
surépaisseur des parois par rapport à ses proportions globales. Avec des dimensions moyennes,
ce vase se serait certainement classé dans la série H 112 (type H 112 b ?)
Type H 133 a :
Ce mortier, exhumé d'une sépulture de la fin du IIe siècle, présente une collerette plus haute que
large et une base étroite.
Les mortiers : famille 200
Cette famille se définit par des parois très évasées (rapport diamètre de l'ouverture - diamètre
de la base/hauteur > 2,5). Ce rapport est de 2.9 pour cet exemplaire alors qu'il ne dépasse
pas 2.42 pour les autres familles.
GENRE H 210 :
Le bord se limite à un léger relief à peine distinct de la collerette.
Série H 211 :
La collerette, haute et peu large, ressemble à un bord triangulaire.
Type H 211 a :
Les parois de la panse, d'épaisseur constante, prolongent le fond par une courbure régulière.
Cette particularité nécessitait la présence d'une base, annulaire et peu élevée dans le cas présent.
Non datée en Corrèze, cette forme existe en Aquitaine à la fin du IIe et dans
la première moitié du IIIe siècle, dans le Val-d'Oise et
en Grande-Bretagne au cours de la seconde moitié du IIe siècle.
Les mortiers : famille H 300
Ce sont le fort diamètre de la base et les parois très peu évasées qui déterminent cette famille.
GENRE H 310 :
La collerette, très large, se rattache directement sur le haut de la paroi de la panse.
Série H 311 :
Le bord est absent.
Type H 311 a :
Cet exemplaire, aux parois courbes, fut exhumé dans un puits comblé dans le dernier
quart du Ier siècle. Cette forme parait fréquente entre 40 et 70.